vendredi, février 24, 2012
Dan San - Domino - 8,5/10
Lumineuse : même si la cover de Domino ne le laisse pas facilement imaginer, c'est l'adjectif qui convient le mieux à la musique de Dan San.
Le groupe liégeois a mûri depuis ses débuts et même depuis son premier EP Pillow. Aujourd'hui, après six mois de travail en studio, il propose son premier album et une tournée des principales villes belges francophones pour le présenter. Ils sont désormais six à constituer le groupe. Ils portent deux de ses principaux atouts, à savoir les harmonies vocales et les arrangements instrumentaux. Cet album consacre l'apparition d'orchestrations fines, mais qui restent modérées (il s'agit d'échapper au syndrome "gâteau à la crème") : harpe, piano, violoncelle, cuivres, etc. Ces précieuses "enluminures" servent un propos qui n'en repose pas moins également sur un substrat constitué d'un entrelac guitares/violon, soutenu par une rythmique solide : la basse, une des seules concessions à l'électricité, est ici ronde et quasi protectrice et la batterie, bien présente, structure le rythme...
Reste à cadrer et identifier le ton et le son. Bien entendu, concernant Dan San, les comparaisons se multiplient : Fleet Foxes (Dan San est plus versatile), Kings of Convenience (Dan San est plus touffu), Midlake (les ambiances convergent, pas le traîtement) ou Band of Horses. Bien entendu, les Liégeois - dont l'accent anglais rocailleux et quasi écossais étonne - ne sont pas hors du temps et ils partagent donc à un moment ou l'autre des ressemblances avec ceux-ci. Pour ma part, j'irais pourtant chercher les meilleures comparaisons en des temps qu'ils n'ont pas connus, ceux où Fairport Convention dynamisait le folk en l'habillant de même manière de fioritures et ceux où Jethro Tull conjuguait joliesse et progressive music. A la marge, le train des cordes telles que nouées par Dan San m'évoque fréquemment le géant portugais du folk moderne, Madredeus.
Reste une petite critique. Dan San fait partie de ces rares groupes d'artistes qui manient l'évocation et créent des images, au point qu'on les conçoit mal à l'avenir échapper à la réalisation d'un concept album. Parfois, il ne faut pas trop en faire. Par exemple, ne pas accumuler les ruptures dans un seul morceau et plutôt privilégier quelques lignes emblématiques fortes : elles permettent une appropriation plus simple par l'auditeur. Savoir aussi sacrifier quelques idées un peu moins fortes (personnellement, je n'aurais pas été dérangé par dix ou quinze minutes de musique en moins).
Ceci dit, un tel premier album, déjà très abouti et inspiré, ouvre tous les espoirs pour l'avenir...
Malheureusement, je n'ai pas beaucoup de liens sonores à vous proposer...
Dan San - Question Marks by JauneOrange