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mercredi, septembre 29, 2010

Benoît Pioulard - Lasted - 9/10


Voix chambrée

Benoît Pioulard m'évoque nécessairement le regretté Elliott Smith. Avec le Californien, Pioulard partage cette capacité extraordinaire pour un auteur-compositeur-interprète à développer un monde tellement personnel et unique qu'il est identifiable aux premières notes et paroles du moindre morceau. C'est peu commun dans un monde de singer-songwriters ou tout semble interchangeable. De plus, comme celle d'Elliott, sa musique dégage une formidable douceur et étreint l'auditeur dans la mélancolie et la nostalgie. 

La comparaison s'arrête pourtant là. Benoît Pioulard évolue dans un monde sonore bien différent. Sa voix chambrée d'un léger écho se promène sur une orchestration où le bricolage électronique enjolive les instruments acoustiques (essentiellement la guitare) dans un singulier "folk and drone pop" (incluant même du field recording). L'artiste de Portland n'hésite d'ailleurs pas à conserver parmi ses chansons de simples passages instrumentaux qu'un Fennesz ne renierait pas. 

Attention néanmoins : si la description peut laisser redouter une dimension expérimentale, froide ou intellectuelle, ce n'est guère le cas. Que du contraire, voici peut-être un des albums les plus immédiats et sensibles de l'année. 

vendredi, janvier 15, 2010

Philadelphia Grand Jury - Hope Is for Hopers - 9/10

Quand gourous?

Il y a des gars ainsi qui ont la grâce, la capacité, le culot de sortir, dès leur premier album, un brulôt de musique pop-rock à vous faire rugir de plaisir. Ouvrant comme s'ils étaient les Hives, enchaînant comme un Weezer, carburant à la surf machine, touchant aux White Stripes, se moquant dans "The New Neil Young", les deux australiens de Sidney publient ainsi un album comme il en a manqué durant l'année 2009. Simple, efficace, rentre-dedans, catchy, remuant, dansant, sautillant et sympa...

POP, quoi! Ca pétille...


Coup de coeur. Jugez sur pièces, ca, en plus, il y a bien du plaisir dans leurs clips aussi!

Et dans une veine plus "pop" :

dimanche, janvier 10, 2010

Six Star Hotel - Tides And Tides - 9/10

Ah ça ira!?

Une des belles surprises du début d'année -même si seulement découverte plus tard- nous était venue de Belfast, sous la forme du groupe post-rock And So I Watch You From Afar et de leur album éponyme. Juste publiée au dix décembre, une des dernières révélations de l'année (quoique ne jamais vendre la peau de l'ours...) nous arrive de la même (ex)tristement célèbre ville nord-irlandaise via ce deuxième album autoproduit à la superbe pochette...

En soi, ASIWYFA et SSH n'appartiennent pas au même tiroir musical, le premier relevant du post-rock/math-rock, le second d'un post-emo-popcore. Les deux groupes ont pourtant en commun une musique absolument décomplexée, virevoltante et lyrique. Pour ASWYFA, l'explosion est cérébrale. Pour Six Star Hotel, les héritages de l'emo, du math-rock, du hardcore, du métal à la Biffy Clyro, voire du lyrisme à la Muse des débuts accouchent d'un cocktail jouissif, émotif et débridé. Parfois facile et adolescent, diront certains. Vachement addictifs et talentueusement composés, répondrais-je, car ces hymnes pop violents ne s'usent pas par écoutes répétées. Que du contraire!

Une page Wikipedia sur Six Star Hotel qui ne laisse planer aucun doute : il se passe quelque chose à Belfast, la constitution de tels réseaux ne trompant pas.
My Space, à regarder notamment la vidéo Bandwithsession (il y en a d'autres, version acoustiques qui, elles aussi, effacent tout doute: ce sont de fameux compositeurs pop et de brillants musiciens)

mercredi, janvier 06, 2010

Raz Ohara and The Odd Orchestra - II - 9,1/10

Dans mes bonnes surprises restées confidentielles de l'année 2008, il y avait le premier album éponyme (comme on dit) de ce groupe installé à Berlin. Danois y résidant, Patrick Rasmussen combine sa musique electro avec le musicien 'expérimental' belge Olivier Doerell (groupe Dictaphone). Ensemble, ces deux gars comptent des collaborations variées avec Efterklang, Gonzalez, Apparat et bien d'autres avant-gardistes électroniques. Les musiciens opèrent selon un mécanisme bien rodé où les couches musicales, sonorités acoustiques et loops s'empilent les unes sur les autres (explique par La Gazette de Berlin).

L'étonnant de leur premier album, 22ème donc de mon best 2008, était qu'il constituait un mélange singulier entre Justin Timberlake et Apparat. Une voix impeccable et chaude, très accessible. Et, contrairement à ce que laissent penser les explications précédentes, le premier opus, malgré ses aspects cliniques et mécaniques, atteignait des sommets de nostalgie et de beauté dans un mix fok-pop-tronic.

Pour ce second album (sorti en octobre par devers moi et toujours aussi confidentiellement sur un label allemand pointu, Get Physical), Raz Ohara ajoute des cordes à son arc. Il évolue cette fois dans un registre légèrement funky mais toujours aussi éthéré. De nouvelles couches musicales se sont additionnées : cuivres, accordéon, superpositions de voix. C'est très élaboré (cela évoque même par moment Robert Wyatt) et à la fois tellement simple d'écoute (la définition par excellence de la pop, finalement). Mais, certainement, quelques-uns continueront à trouver cela "expérimental", confondant ce mot avec d'autres comme "différent" ou "nouveau".

Ne ratez donc pas l'occasion de flotter dans l'éther Raz Oharien. Cet album figurerait certainement en première place de mon classement 2009 "injustement inconnus"...

Album en écoute sur le label : Get Physical

Varsha

Je ne résiste par à la tentation de vous faire écouter ce qui reste pour moi le plus beau morceau mélancolique de l'année 2008 (oserais-je le mot slow?)

vendredi, décembre 25, 2009

Dan Arborise - Of Tide And Trail - 9/10

Folktronic l'air de rien

Cet album est à l'image de sa cover, beau et nostalgique, sans aspérités, peut être un peu trop pour un jour où on apprend que Vic Chesnutt...

Réfugié en solitaire sur la côté écossaise, Dan Arborise a concocté ce petit bijou. Avec l'air de rien. Ca part tout simplement comme de l'excellent folk britannique. La voix est pleine, occupe l'espace et s'harmonise à un toucher et un picking de guitare délicat mais lui aussi ample et fourni.

L'art de la composition séduit et Arborise enmène l'auditeur dans son univers, bien plus riche qu'initialement apparu. Subrepticement et au fil des morceaux, une électronique faite de nappes et sons harmonieux (autrement dit, pas du floktronic à "glitches") apparaît sans qu'au départ on la remarque vraiment. Au dixième morceau, composé de neuf minutes de mélancolie électronique, on est ailleurs.

La construction de l'album est séduisante. On s'y replonge volontiers...

Et se redit qu'attendre la fin d'année pour découvrir des perles parues en août n'est jamais superflu!

MySpace où Arborise se définit à la fois comme acoustique, electroacoustique et trance (John Martyn meets Nick Drake for the 21th century)

Petit essai, même si manque à un seul morceau l'envoûtement progressif de l'album :



mercredi, décembre 23, 2009

And So I Watch You From Afar - And So I Watch You From Afar - 9/10

Je t'ai tant attendu!

Selon la formule consacrée, il ne faut jamais vendre la peau du top 2009 avant d'avoir tué tous les albums qui sont susceptibles de le constituer. Le plus insolite est encore quand la découverte de décembre est constituée par un album sorti à l'époque où on ne se découvrait pas d'un fil. Et, néanmoins resté depuis dans une ombre relative...

Celle-ci est de taille. Ces quatre gars, originaires d'Irlande du Nord, nous sortent l'album post-rock le plus décapant de l'année. Car, certes, parlant des autres au fil des mois précédents (Mogwai, Russian Circles, Nudge et même Cougar), la lave évoquée était un peu froide et figée dans des schémas très courus.

Ici, à l'image d'une autre découverte récente (la folie de 65daysofstatic en live), le volcan est vrai. L'explosion part dans tous les sens et, sur son passage, grille les idées reçues. Fusion à plusieurs titres puisqu'il y a ici autant de math rock, de prog (mais raisonnable, ne fuyez pas), de metal, de hardcore que de post rock.

En plus, le EP annoncé pour dans deux mois s'inscrit dans le même délire qui donne envie de les voir live. Je ne vois qu'une comparaison possible, les regrettés écossais d'Aereogramme. Grand!

(En plus, j'aime bien la procédure de découverte : un commentaire de STIKO dans un article d'Esprits Critiques sur Russian Circles).


Excellente critique de AMG : The group's debut album is an exercise in combating misconceptions: it's punk, but it's intricate and technical; it's melodic rock, but it's downright dissonant at times; it's instrumental rock, but it shies away from aimless crescendos and other formulas common to post-rock.

dimanche, décembre 06, 2009

Freelance Whales - Weathervanes - 9,2/10

Cours y vite, cours y vite!

Découverte délicieuse. Originellement groupe de rue de New York (pour une fois, pas de Brooklyn, mais du Quuens), Freelance Whales -déjà le nom- déferle comme une vague de fraîcheur et de bonheur. Un test ne trompe pas : dès la première écoute, il est impossible de ne pas chantonner ou muser pour les accompagner.

Leur musique, faite d'acoustique (où le pincement de banjo est érigé en système et le glockenspiel en contrepoint) et de synthétique (parfois un peu cheap à la Casiotone for a Painfully Alone), s'apparente à un mariage entre le luxuriance du Sufjan Stevens des débuts et la nostalgie du Grandaddy quand il brinquebalait bien. Erwan devrait adorer...

Le tout enrobé d'un travail élaboré sur les voix donne un cachet particulier, unique et immédiat à ce band dont l'album était jusqu'hier disponible sur CD Baby (la structure américaine de commercialisation des disques autoproduits non labellisés). Il ne l'est plus, car le label FrenchKiss (qui avait déjà fait le coup avec The Antlers) vient de prendre dans son écurie les baleines freelance (des baleines dans une écurie? oui, bon) et leur disque autoproduit dont une resortie est annoncée pour l'été (c'est un peu la tactique qui avait été utlisée pour The Antlers).

Le genre de pépite dont il ne m'étonnerait pas qu'elle soit la suivante à être imposée par le courant montant de l'Internet...

En attendant, l'album est toujours disponible sur Emusic

Pour l'instant, ils tournent aux States avec Fanfarlo.

Quelques lignes sur un blog belge
Ca va cool qui, paradoxalement, est un bloog américain (et en anglais)
Un autre blog US : Onethirtybpm



Et les voilà là où ils ont débuté :

jeudi, décembre 03, 2009

Mission of Burma - The Sound, The Speed, The Light - 9/10

L'étiquette punk ou post-punk adossée à Mission of Burma agace.

Ce n'est pas le registre défonce juvénile où on évolue avec MOB que cela soit trente ans plus tôt ou maintenant. La musique est monstrueuse. Et, pour moi, toujours perçue de façon identique : difficile à pénétrer, oscillant entre rythmique de base obsédante et morgue du langage. Mais, sitôt assimilée à force d'écoutes, indélébile comme une marque au fer blanc. Un summum.

A voir 'on stage'...

lundi, novembre 23, 2009

Part Chimp - Thriller - 9/10

Les mains dans le cambouis
(Vive cette cover à l'image du titre. Thriller, cette année-ci, c'est succulent!)

Voilà l'album qui complétera les quelques autres plaisirs issus du métal cette année. Pas de hasard, celui-ci est aussi un poil à la marge, étant entendu que le métal-métal est très souvent fortement lassant.

Ici, on est une fois de plus dans l'extrême, le "sludge" metal. Au dictionnaire, "sludge", ça veut dire "cambouis". Je préférerais donc parler de métal magma. Avec ce groupe briton, on se retrouve effectivement emporté dans une coulée de lave incandescente et visqueuse. Pas par hasard qu'ils soient sur le label de Mogwai, ils sont paroxystique, bruitiste et infernaux et mieux vaut avoir la volonté de s'y reprendre à plus d'une fois pour apprécier.

Certes, la violence l'emporte sur le lyrisme. Mais la musique vibre et vrille les tympans et les cerveaux. La dissonance n'est pas pour tous...


Converge - Axe to Fall - 9/10

La fin d'année approche. Vite, repérer les oubliés. Vite, réparer quelques trous dans la couverture musicale (mythe de sisyphe). Vite, trouver de dernières perles cachées. Vite, voir si les listes des autres ne sont pas des huîtres. Donner une petite opinion et renvoyer à ceux qui, eux, étaient là en temps utile, sous forme de petit hommage à la blogosphère.

Converge, c'est encore une autre catégorie d'album 'non chroniqué', la catégorie (pas si fournie) des "Tuntudju, j'adore, mais qu'est-ce que tu veux que je dise là-dessus".

Voici donc une des plus belles galopades de l'année. Une véritable hystérie, une colossale baston, avec un petit break au milieu. Du tout grand art et un des trois ou quatre albums métal ou hardcore à figurer dans le best annuel (avec ISIS et Mastodon). Déconseillé aux oreilles fragiles...

Les deux blogs francophones qui le chroniquent apparaissent tout en haut des recherches Google et c'est mérité : Systool et Playlist Society.

Si vous étiez aussi dans ceux "qui étaient sur le coup en temps utile" (ou pas, d'ailleurs, qu'importe!), n'hésitez pas à filer le lien dans les commentaires, je l'intégrerai...

dimanche, novembre 08, 2009

Ah Holly Faml'y - Reservoir - 9/10


Que c'est beau!

Trouver quelque part du côté de Portland, autrement dit dans le trou du cul du monde, une bande de six barjos qui font une musique à décrocher la lune dans leur garage, c'est insolite.

Ils ont quelque chose des Bowerbirds pour les harmonies vocales, quelque chose de Sufjan Stevens (époque pré-autoroutes et génie civil) pour l'inventivité, de Beirut pour les strates d'instruments (sont pas six pour rien), de Lambchop pour le côté plombé de soleil lancinant, de listenlisten pour la démarche avant-folk foutraque et, espérons-le à terme, de Horse Feathers pour la contribution à la rénovation du folk-country.

Eux adorent la description qui les caractérise de Leonard Cohen with a band of clowns.

Avec ce qui précède, nul besoin de pérorer des heures. A écouter. Cet album ne peut rester dans l'anonymat qui semble le sien actuellement...

Une petite répétition au coin de la machine à lessiver :

Le site du label (qui est aussi celui de Horse Feathers)


samedi, octobre 31, 2009

Mungolian Jet Set - We Gave It All Away... And Now We Are Taking It Back - 9,1/10

Melting-pot cosmique

Voici probablement un des plus fascinants OMNI (Objet Musical Non Identifié) de l'année 2009. Depuis maintenant deux mois, il hante mes playlists. J'y reviens par petites touches de deux ou trois morceaux (tous de plus de huit minutes, regroupés dans deux albums pour deux heures de musique). Et, chaque fois, j'en reste pantois tant la musique est riche, dense, diverse et perverse. C'en est parfois trop.

Les deux turntabilistes norvégiens nous servent un cocktail où les fulgurances se succèdent. Contexte d'une longue dance chill, basses à la Shaft, trances technoïdes, explosions nu-jazz, zébrures world, sensations shamaniques, voix aériennes et cosmiques (de moines, parfois), rave incessante, immense bande originale cinématique.

On aurait pu redouter l'indigestion. Ce n'est pas le cas, même si, comme déjà dit, l'oeuvre se déguste par tranches. L'expression n'existe pas, mais, pas grave, inventons la, ceci est un "disque de chevet". Comme certains livres, dont on ne pense certainement pas qu'ils sont chefs d'oeuvre, mais auxquels on revient régulièrement, pour goûter une page, profiter d'un instant.

Tout-à-fait le genre de disque qui donne simplement envie. Soyez curieux. Diversifiez vos sensations.
Pitchfork et Pop Matters, seules chroniques trouvées pour des notes respectives de 8,1 et 9.
Heebooh (excellente chronique en français)

mardi, octobre 13, 2009

CARL - Où poser des yeux? - 9,9/10

Immense et intense surréalisme

Et si l'album de l'année venait de Belgique!
Et si l'album de l'année était en langue française?

Et si Carl, par ailleurs artiste polyvalent et graphiste (quelle pochette!), avait tout compris, mêlant dans un prenant ensemble tout ce que la chanson française nous a donné de meilleur de Léo Ferré à Dominique A, en passant par Odieu, Albert Marcoeur et Didier Super, mais aussi des phrasés gainsbouriens et miosseciens, voire Dahotiques, sans négliger de mâtiner le tout d'un zeste de slam (Dieu sait si je n'aime pas si ce n'est lui!), de hip hop, de pop ("Promenade" tellement Katerine) et de jazz.

Sans compter cet incroyable talent pour faire voler les mots dans un melting pot surréaliste digne de LA Brigitte, Fontaine.

Soufflé!

Son My Space donne une idée de l'univers. L'écoute de "La Maison me mangera" et de "Mes amis" ne donne qu'une illustration de la giclée de création qu'est l'album.
En vente sur Emusic ou sur le label belge Humpty Dumpty Records.

jeudi, octobre 01, 2009

Vic Chesnutt - At The Cut - 9,5/10

Tralala

Je n'ai pas vraiment grand chose à ajouter à deux chroniques qui se complètent fort bien.

Celles de Marc sur Esprits Critiques et de Panda Panda sur Ears of Panda.

Un simple petit angle supplémentaire.

Je suis un officionado confirmé à la fois de Vic Chesnutt et des musiciens de Constellation. Je considère le premier comme un artiste gigantesque, un des rares dont je retourne souvent écouter les si simples premiers joyaux (West of Rome, Drunk) pourtant sortis il y a plus de quinze ans. Un des seuls à réellement m'avoir pris à la gorge en concert au Botanique. Les musiciens de Constellation, eux, me fascinent, me matraquent (Godspeed à l'AB) ou me tourneboulent (Silver Mount). Quand j'avais appris la collaboration de l'un et des autres, j'avais imaginé un enfant batard extraordinaire, fusionnant fureur et calme désespéré. Imagination fantasmagorique, bien entendu. C'était impossible.

Comme le dit Marc, ce sont des albums de Vic Chesnutt qui a ainsi redonné un souffle extraordinaire à sa musique. Ceci dit, je viens de me concentrer sur une écoute un peu particulière de l'album, oubliant la voix (si faire se peut!) et analysant l'accompagnement. Et je dis : chapeau, Constellation! Car faire preuve d'une telle force, d'une telle justesse dans l'accompagnement, c'est du grand art. Porter l'expression de l'autre avec une telle abnégation quand on a soi-même un tel talent, c'est... grand. L'esprit collectif?

vendredi, septembre 25, 2009

Staff Benda Bilili - Tres Tres Fort - 9,2/10

AME

Voilà du blues, du soul, de la musique de rue à l'état brut, sorti en début d'année, moment où ce blog n'existait pas. On se rattrape...

Staff Benda Bilili est une troupe d'handicapés-clochards qui font de la musique de rue autour du zoo de Kinshasa. Ils ont été découverts par Crammed Disc. On est loin ici de la musique formatée world dans le style "Qu'ils sont ambianceurs, ces Africains". C'est du blues-soul à l'africaine avec leçons de vie.

Et puis, il y a le phénomène, le gamin de la troupe qui joue d'un instrument qu'il a bricolé lui-même, la guitare à une corde. Même dissonante, il y a dans cette corde tant d'âme qu'on reste scotché.

Un album à découvrir.



Un grand numéro de danse et un autre remarquable numéro de guitare une corde.


Crammed Disc (pour y voir les videos en meilleures conditions techniques que sur You Tube)
My SPace (on peut écouter "Je t'aime" en version meilleur enregistrement avec son solo guitare une corde).

jeudi, septembre 17, 2009

Bosque Brown - Baby - 9/10

Gothic Appalachian

Une petite piqure de rappel de L'Homme de Rennes dans sa série [Sélection retour sur les oubliés de 2009]. Des liens vers
Music in My Mind et Le Choix de Mlle Edie. Et puis, le hasard qui fait que l'album passe à portée de main...

Il n'en fallait pas plus pour décider à un flash-back. Et il est vrai qu'il est bon de ne pas rater un des albums de l'année.

Je n'en rajouterai pas par rapport aux trois liens qui précédent. Sauf, peut-être pour y ajouter une petite touche.

Certes la comparaison avec Alela Diane a sa pertinence. Pourtant, ce qui me prend à la gorge chez Bosque Brown n'est pas quelque chose de gentillet, non, c'est le côté Southern-gothic spirituals (ou Southern gothic indie-rock (that'll put the fear of God in you), c'est selon). Mara Lee Miller : "So there's both sides: being tormented from within, but also realizing that some of that is okay" (dans cette interview).
Pas si idyllique et tranquille que ça...

My Space
Pitchfork a écrabouillé l'album : 4,6/10
PrefixMag aime beaucoup (8,5)

vendredi, août 28, 2009

Oneida - Rated O - 9,3/10

Scotché...

Oneida est un groupe absolument indéfendable qui fait tout pour rebuter certains.

Tout d'abord, à qui d'autre qu'eux viendrait-il l'idée, en une époque où tout album se doit d'être monochromatique et millimétrique pour trouver son public, de sortir un triple opus? Album, de plus, qui a pour volonté de retracer leur évolution musicale et donc d'aborder des styles qui s'entrechoquent dans des morceaux dont certains atteignent les 20 minutes? D'une part, une seule écoute nécessite près de deux heures (cette chronique, à cinq écoutes, relève du sacrifice). D'autre part, quelle indicible prétention! Oneida ne redoute aucun dégât colatéral en un temps où la stratégie musicale est à la frappe chirurgicale...

Comment défendre aussi l'agencement des trois albums? Le premier débute par la matière la plus brute, le kraut le plus électronique et le plus bruitiste, le quasi expérimental. Il faut attendre la troisième plaque pour clôturer sur un volet plus accessible (kraut psych guitare-batterie) et un Folk Wisdom terrifique.

Comment aussi tenter de persuader ceux qui n'aiment pas ça que les montées paroxystiques bruitistes sont probablement parmi les plus beaux moments du rock? La sensibilité à ce climat est purement subjective à ce que j'en juge dans mon entourage...

J'adore..

Le label avec trois morceaux à downloader
Autres directions. Les francophones ne sont guère prolixes sur cette oeuvre. J'aime ceci : "Enfin le disque C, le plus intéressant, réunit 3 pièces dont le grandiose morceau baptisé O bâti autour d’une sitar et Folk Wisdom, instrumental de plus de 20 mn. Un grand morceau de free rock, mutant et progressif, sur lequel une batterie complètement débridée se heurte à un mur de guitares et des synthés qui tournent obstinément en boucle dans une ascension fumeuse. Rated O constitue à ce jour l’œuvre capital d’un groupe qui peut se targuer d’être qualifié à bon escient d’enfant illégitime des ébats entre Can et Suicide".
La presse anglophone est intarissable! Quinze chroniques évoquées par Metacritic. Et, excusez du peu, Pitchfork, New Musical Express, The Guardian, Mojo, qui donnent du 8/10.

mercredi, août 26, 2009

Current 93 - Aleph At Hallucinatory Mountain - 9/10


No comment

Un des albums les plus profonds de l'année.
Un gouffre...

Remarquable récension sur I left Without my Hat
Le Khyroscope rappelle l'incroyable liste de guests qui en dit long sur la révérence due à David Tibet.
Pitchfork

mercredi, août 19, 2009

Destroyer - Bay of Pigs EP - 9,2/10

Dance glace

Voilà probablement un des morceaux les plus fascinants entendus ces dernières années. Merci Pitchfork qui l'a épinglé. Gloire à Stereogum qui vous permet actuellement de l'écouter.

Tout commence par un drone, une ondulation grave et glaciale sur laquelle vient se poser une pluie d'étincelles quasi organiques et cristallines. On se croirait volontiers parti pour un quart d'heure Klaus Schulze, quand apparait la voix. Masculine, perfide et décadente. Un mix inconcevable entre Serge Gainsbourg, Marianne Faithfull et Grace Jones. La voix décline -plus qu'elle ne chante- lascivement des textes : "Magnolia's a girl, her heart's made of wood / as apocalypses go that's pretty good -- sha la la -- wouldn't you say?".

L'ambiance fascine, quand arrivent un pincement de harpe électronique, un son de kermesse orgiaque de barbarie, puis les claps hands électroniques secs (on attend les cadavres dansants de Thriller). Le morceau s'emballe. Les choeurs féminins s'en mêlent et le dance floor occupe tout l'enfer dans une ambiance lascive à la fois torride et glaciale. Les drones réinvestissent l'espace sonore. 13 minutes 30 plus tard, on en reste groggy. Ne reste qu'à remettre le saphyr au début de la plaque.

Pour la petite histoire, Destroyer, c'est Dan Bejar (voir sur AMG), membre et compositeur des New Pornographers. Mais ne cherchez pas, ceci n'a rien à voir avec cela. Pas même d'ailleurs avec les autres albums de Destroyer, plutôt Indie-Chamber pop...

Le titre phare, Bay of Pigs est complété par un second morceau, Ravers, d'une grande beauté nostalgique) pour donner un EP tout-à-fait bouleversifiant...

My Space
Pitchfork : Nearly five minutes of ambient bleed makes up the first movement, Bejar's off-kilter delivery the only object in the fog with definite outlines. When the full band finally kicks in a few minutes later, it's more of a "band," with an improbably shimmery guitar and clockwork rhythm section making it all resemble a karaoke-room soundtrack. But it's an arrangement full enough of Easter eggs to keep up with Bejar's usual densely-packed lyrics, with only the quiet coda at the end feeling superfluous. Perhaps it's a necessary soft landing after a long, rewarding expedition that delivers a five-year payoff.

lundi, juin 29, 2009

Richard Youngs - Beyond the Valley of Ultrahits - 9/10

Défi pop,
mais pas ABBA


Voici bien la chose la plus improbable qui puisse arriver.

L'écossais Richard Youngs porte collée sur son plastron l'étiquette "expérimental". Ce qui qualifie bien mal vingt années de recherches en l'affligeant d'un qualificatif trop souvent synonyme d' "inécoutable". C'est partiellement faux. Des réalisations sont parfois apparues trop complexes, mais on se souvient surtout avec bonheur des plus récents "The Naive Shaman" (2005) et "Autumn Response" (2007), parfaitement abordables, si ce n'est peut-être par le format des morceaux (avec lui, il y a toujours au moins un morceau d'un quart d'heure).

Richard Youngs a fait figure de précurseur sur la voie de l'électro folk et de la fabrication maison de musiques de tous azimuts. Cette description de BBMIX me semble spécialement inspirée, les évocations de Robert Wyatt, John Martyn (Incredible String Band) et Syd Barett (et Animal Collective dans les enfants putatifs) étant particulièrement cohérentes. J'y ajouterais Brian Eno et Scott Walker. Voir aussi AMG sur la carrière de Youngs.

Bon, on se perd. Pourquoi cet album tout neuf est-il "improbable"? Parce que le peu d'explications trouvées sur le WEB sont les suivantes. Donc, quelqu'un lance le défi à Richard Youngs : "Mais saurais-tu faire un album formaté pop?". Richard s'exécute et réalise ces dix petits bijoux pour un total de 34 minutes. Des petites perles calibrées. Ceux qui pensent qu'un récent défunt était bien le "roi de la pop" risquent bien entendu d'être déçus. Les autres seront subjugués par un si beau disque léger et pas con pour la cause.

Reste que Richard Youngs poursuit dans l'originalité. Le CD est sorti en 100 exemplaires (numérotés à la main!) sur le label Sonic Oyster Records, sur le Myspace duquel vous pouvez écouter le morceau d'entrée Like a sailor (je ne sais de qui sont les autres morceaux). Et pour trouver l'album, j'imagine que l'encouragement est patent à recourir à l'illégalité. On peut même penser en toute logique que c'est voulu par l'artiste! Malgré toute ma bonne volonté, je n'ai pas trouvé d'endroit où il soit en vente électronique.

Il y a un Myspace réalisé par un fan, sans morceau de cet album.