mercredi, mars 02, 2011

2010 - Soixante albums en pature - 60 => 50

Après réunion en conclave de la Commission du Calendrier, le Conseil d'administration a décidé de clôturer l'exercice 2010. Dans les six jours à venir, par paquets de dix, une sélection de soixante albums sera publiée...

Principe inchangé par rapport à la philosophie globale de Little Reviews : donner envie de suivre quelques pistes de vagabondage. Ni plus, ni moins. Ce ne sont pas nécessairement les meilleurs, mais ils sont dignes de détour. Du moins, nous le croyons.

Dans la mesure du possible, pour chaque groupe de dix albums, une variété est recherchée dans les styles musicaux...

60.  Lunt - Switch the Letters


Singer-songwriter nostalgique chronique. 
Il chante excellemment des titres nus jusqu'à l'os, qu'il réussit -quasiment toujours- à habiller d'un arrangement simple qui les rend accrocheurs et nostalgiques en diable.


59. The Harvey Girls - I've Been Watching a Lot of Horror Movies Lately


Joyeux foutoir folklorique indie. 
Voilà un couple de Portland - Oregon qui fait de la musique en chambre depuis 2003, autoproduisant des petits bricolages faits de traficotages de loops piqués à d'autres, de pincements de guitares folk cacochymes et de fields recordings transmutés sur ordinateur.  Rafraîchissant.


58. Moonhearts - Moonhearts 


Garage rock bas du front.  
Les californians de Moonhearts pratiquent un pur rock and roll garage dont le mur du son pourrait évoquer les Hunches. Mais le mur est ornementé, certes comme à l'accoutumée de terribles fuzz et larsens, mais aussi de belles fulgurances à la Buddy Holly ou de flagrances de surf juvénile.


57. Suuns - Zeroes QC


Disco punk mutant et sombre
Un groupe et un albums prometteurs pour les discothèques schizophréniques! Comme si les Sparks étaient Spartiates. Comme si LCD Soundsystem avait tout à coup le cafard et Can copulait avec John Travolta. 


56. James Blackshaw - All is Falling


Expérimental fort et accessible
L'as de la technique guitaristique et du picking douze cordes a décidé une fois pour toutes de s'éloigner des exercices virtuoses pour nourrir sa musique. Il joue intégralement son premier morceau au piano. Ensuite, la tension des cordes (violon, violoncelle), la relaxation pianistique et le lunatisme de la guitare construisent la beauté.


55. Familea Miranda - Dramones  


Post-post-post chilien. 
Petits enfants putatifs de King Crimson (mais par touches très occasionnelles, on penserait bien aussi à Magma), descendants directs du postpunk et du postcore (The Ex, Unwound, Fugazi), ils compliquent leur son de breaks et contrebreaks propres au  math-rock.  


54. Mini Mansions - Mini Mansions


Pop sucrée glacée et décalée.
L'album est un petit joyau dans la veine des Beatles post-Revolver, de Crowded House ou des Nits meilleure époque. On pense aussi à un Elliott Smith qui aurait pris une dose de Red Bull (mais pas trop). De la pop de haut vol, autrement dit. Passé inaperçu? A cause d'interpètes un peu décalés issus du monde stoner?



53. Hanggai - He Who Travels Far 


World diphonique mongol.  
Ce groupe chinois pratique le chant de gorge diphonique. La grosse (et belle surprise) est qu'ils sont aussi orientés vers la fusion avec les musiques plus modernes. ceci n'est donc pas un exercice de style folklorique.



52. Ufomammut - Eve 


Psyché sludge doom et tutti quanti. 
Pris à la gorge au premier morceau (I), je n'ai senti la pression relâchée qu'au cinquième (V), après 45 minutes d'un déluge apocalyptique et paroxystique savamment construit.


51. Oneohtrix Point Never - Returnal


Vaisseau électronique que nique.
Constituée de nappes superposées, parfois agrémentée de voix déformées (le superbe "Returnal"), cette musique sent la sci-fi à plein nez. Celle où les héros malheureux errent dans un espace plombé et sans fin. Celle où les vaisseaux silencieux glissent sur les dunes et les vers. Kosmische!