samedi, mars 12, 2011

Cold Cave - Cherish The Light Years - 9,3/10


Cet album est une boucherie. A peine enterrée, la cold wave n'en a fini d'engendrer et entretenir ses revivals (-vaux) par monts et par vaux. D'Interpol aux Editors, en passant par les Sibériens de Motorama, l'éventail incomplet pour dire que ce revival-là est devenu un style. Il est partagé pour tel. En soi, cela vaudrait déjà un travail de fin d'études en sociologie musicale.

Tout va donc son train-train, non sans satisfaction pour les auteurs. Des groupes comme Interpol ou Editors remplissant les Zenith et autres plaines de Werchter et de Benicassa, voilà qui interpelle les analystes historiens de la cold wave. Qui eût imaginé les petits-enfants de Ian Curtis devenir les rois du gobelet en plastique et du bracelet d'accès aux festivals (-vaux) par monts et par vaux? C'eut pusse nourrir une thése de doctorat en consumérisme contemporain.

Ce préambule pour rappeler, à la veille du week-end et ce monde qui vacille, que tout se doit d'être apprécié avec recul et philosophie. On eût pu tout aussi bien descendre cet opus tant il est énorme et millimétré, tant ce groupe occupera rapîdement des horizons qui ne sont pas les nôtres et rencontrera le succès populaire. Dans ces cas-là, il y a tout de même rarement fumée sans feu. Et ici, tous les éléments sont assemblés. Cold Cave ne se contente pas de revisiter la cold wave. Il l'habite lui-même et la violente.

L'ensemble s'apparente à une colossale gang party entre LCD Soundsystem et synthés froids. Sur des compositions toutes plus catchy les unes que les autres (peut être regrettera-t-on même les manques de reprises de souffle), Cold Cave accélère les pulsions des synthétiseurs, multiplie le rythme des beats, organise les digressions quasiment festives. Mariage entre le chaud et le froid, l'amalgame est à la fois dansant, lyrique, pop et... cold. Sur certains morceaux, c'est un peu James Murphy sodomisant Ian Curtis dans la bonne humeur. Mais le sommet reste à Alchemy Around You (ci-dessous), qui voit un combo de cuivres africains lancés en course poursuite de Robert Smith en vue d'un fist-fucking final...




(Morceau par morceau, l'album est reconstituable en statique sur you tube)

MySpace, Matador (eh oui! par n'importe qui!)

Finalement, tout ce qu'on peut espérer avec ce groupe, c'est les voir à temps en petit comité et puis les laisser voyager vers les grandes plaines du succès. Par ailleurs, ce qui est rigolo dans l'écriture critique, c'est, bien entendu, qu'on peut dire tout et son contraire : j'avais pris un angle d'approche différent (mais pas contradictoire) pour la review de leur premier album autoproduit Love Comes Close...