mardi, août 16, 2011

Philippe B - Variations fantômes - 9,3/10


Cette langue qui nous revient de loin...

Avec ce superbe montage d'ambiance(s) où quelques chansons flirtent avec les étoiles de la mélancolie triste, le Québecois se révèle en King (Creosote?) de la francophonie...

Par surprise et en retard. C'est ainsi que Philippe B débarque sur mon ordinateur. Le dire, c'est déjà le constater et le regretter. Ceci confirme qu'évidemment, la chanson française peut compter sur ses meilleurs défenseurs en terre lointaine de la Francophonie. Et cela avalise que, oui, bien entendu, pour quelques Coeurs de Pirate qui traversent l'Atlantique, ils ne sont que partie visible, conventionnelle et lisse de l'iceberg. De bien meilleurs et bien plus intéressants représentants restent dissimulés à nos oreilles et coincés aux frontières de la mondialisation...

Philippe B en fait partie. Cet album sorti il y a quelques mois est un véritable bijou. Le poète qu'est Phillippe B en a poli toutes les facettes. Son talent d'écriture concerne autant les mots que les notes. Ainsi, pour ses dix morceaux (ses dix "pièces", dit-on a Montréal),  il s'est plongé dans l'ambiance d'extraits musicaux classiques pour les malaxer, les habiller et les façonner à son image. Le quotidien Le Devoir explique cette démarche   : par exemple, un titre comme Mort et Transfiguration  est inspiré du poème symphonique du même nom écrit par Richard Strauss. 

N'étant pas moi-même exégète classique, je peux témoigner qu'il n'est nul besoin de le savoir pour apprécier. Parce que, simplement, c'est beau. Le talent de Philippe B touche aux deux facettes qui font les grands : belle écriture musicale où ne manquent pas les breaks et créations lyriques (même très nus, les accompagnements judicieux touchent droit au but); jolie capacité à faire sonner les mots dans la tristesse et la mélancolie...
Réécoutant pour la xième fois Petite Leçon de Ténèbres,  je me le disais : Philippe B -et, dans mon esprit, l'éloge est de taille- dispose des mêmes talents que King Creosote et s'adresse à nous dans... notre langue. Philippe B, ce n'est donc pas de la chanson française, mais bel et bien de la musique! Voilà tout de même qui justifie un laisser-passer transatlantique! 


Un conseil : Donner du temps à cet album et dépasser une première écoute qui, influencée par l'accent, souffrirait d'un syndrome "feu de camp".
En savoir plus : Son site
Lire :  un des nombreux articles positifs de la blogosphère québecoise sur Ma Mère était Hipster