Little Reviews a déjà consacré quelques lignes et une vidéo à ces jeunes anglais prometteurs.
Ils publieront prochainement leur second album. C'est avec plaisir que nous publions donc le compte-rendu d'un concert récemment donné à Londres. Marie, qui a rédigé ce texte, est également la "webmaster" qui permet à ce groupe anglais de disposer d'un site en français vachement bien fait. Bonne lecture...
L’univers des Candle Thieves ? Imaginez une scène où, en plus des instruments et micros, on peut voir un ours en peluche revêtu du t-shirt au logo du groupe, accroché au piano de Glock, un magnifique ballon rouge trônant fièrement dans les airs, des petits ballons multicolores éparpillés partout sur la scène et parmi le public, un pied de lampadaire sans son abat-jour, une machine à bulles de savon, un petit glockenspiel multicolore pour enfant et autre bizarreries. Un univers fantasque, empli de rêve et de poésie. C’est dans ce monde enchanté qu’ils nous invitent. Une cour de récré ? ça y ressemble. Mais c’est bien plus que ça.
Ce soir, accompagnés de l’excellent batteur Lee Reynolds, nos Voleurs de Chandelles nous ont joué, en plus de la setlist classique, deux nouvelles chansons figurant sur leur nouvel album ‘Balloons’, intitulées ‘Flowers for Peggy’ et ‘Earthquakes’… ça donne une idée de ce que va donner leur prochain opus, de prime abord plus sombre et plus sérieux que le premier, d'après ce qu'ils en disent. Ils ont aussi joué une superbe reprise de Green Day : ‘Basket Case’.
Première chanson : ‘Flowers for Peggy’. Scott empoigne un bouquet de fleurs et commence à chanter, accompagné du seul piano de Glock et, dès les premières notes, ça vous fait danser. C’est résolument fun et entraînant, cette nouvelle chanson, aidée par le flot de bulles de savon atterrissant au beau milieu du public. Ça apporte une tonne de bonne humeur, il n’y pas photo. Au fait, ça raconte quoi, cette chanson ? ça soulève un problème sérieux sur un ton musical léger et joyeux qui fait un peu penser à du Boogie Woogie. On y découvre Peggy qui, bien qu’étant une âme torturée et supportant le poids de la vie avec philosophie, ne se plaint jamais, reste résolument quelqu’un de positif, ce qui lui vaut la sympathie des autres. Une bien belle chanson pour une belle entrée en matière. Détail insolite, si vous vous demandez où est passé l’abat-jour du lampadaire, c’est Lee qui, assis tranquillement derrière sa batterie et bouquinant un magazine, l’a mis sur sa tête, en guise de chapeau. Déjanté ? Oui, complètement. Et en plus, ça colle bien à l’atmosphère de la chanson !
Ensuite arrive ‘Breathing (Just for you)’. De la version calme de l’album, ils en ont fait une version plutôt rapide, rapide et entraînante sur scène, quelque part entre le folk et la country. Très agréable changement qui fait apparaître cette chanson sous un angle nouveau. En effet, sur l’album, l’atmosphère est profonde, portée sur les sentiments forts et introvertis mais déçus. Ici, la déception et la tristesse qui s’en dégage semble dépassée, comme emportée au loin par le rythme soutenu, tourné vers le positif. Etonnament, Glock ne joue pas de piano sur celle-ci, mais marque le rythme au tambourin et soutien la mélodie à l’harmonica. Que du bonheur.
‘Sharks and bears’ est la troisième sur la setlist. Retour au piano pour Glock. Toujours aussi belle, cette chanson, avec ses rêves d’ours et de requins, exprimant cette terreur qu’on ressent quand le monde réel devient trop dur et invivable. Thème sombre porté par une mélodie pourtant enjouée et joyeuse, accompagné par l’hamonica qui ajoute à la légèreté. Chanson décalée, c’est le mot qui convient. C’est typique chez nos voleurs. Ils sont très forts pour ça, une vraie marque de fabrique. Et c’est beau. Et ça fait rêver.
Ensuite, ‘The sunshine song’, qui parle d’arc-en-ciel envoyés au travers des rivières pour atteindre le cœur de ceux qu’on aime, qui nous rappelle que la vie est faite pour être vécue maintenant, tant qu’on le peut, commence plutôt doucement, avec une très jolie mélodie piano, mais monte graduellement en intensité avec la batterie de plus en plus présente, jusqu’à arriver à un style nettement plus pétillant qui donne la bougeotte et l’envie de taper dans ses mains. Enfin, pour chasser définitivement le gris du quotidien et nous rappeler qu’on reste jeune si on choisit de le rester dans sa tête, le calme revient avec une très belle fin, où la batterie laisse parler la guitare et le piano dans un très beau duo, prolongeant l’instant de bonheur qu’ils viennent de nous offrir.
Contrairement à la version originale de Green Day, où ‘Basket Case’ est une chanson clairement punk rock, les Candle Thieves nous la transforment en quelque chose de très mélodique, une bien belle ballade à leur sauce. Pas de batterie. Uniquement un superbe duo où piano et guitare se répondent à la perfection, sans grandiloquence, mais juste la pure beauté d’un instant trop vite passé. La magnifique voix de Scott nous emporte au loin, une fois de plus. Il suffit de fermer les yeux pour se laisser guider par une mélodie très douce où la magie vient s’intercaler et trouver sa place pour nous offrir un autre moment où l'on se perd dans leur univers, simple, léger et lumineux, propice au rêve.
‘We’re all gonna die (Have fun)’ nous plonge encore une fois dans la douceur d’un instant dont on souhaiterait que jamais il ne se termine. C’est une version très différente de celle de leur premier album puisqu’il n’y a pas de batterie non plus. Encore une ballade, très fluide et légère, où Glock nous emmène au son de son piano. Le temps s’arrête, pour mieux laisser s’exprimer toute la magnificence de la mélodie et des paroles qui évoquent le ‘Carpe Diem’, profite du jour présent et le soleil qui arrive après la pluie qui tombe sur nos vies. Eminemment positive, cette chanson vous fait voir le bon côté de la vie, celui qui vous transporte plus loin que vous ne l’auriez imaginé. Une pièce maîtresse dans leur concert, vraiment.
Pour la chanson suivante, le départ est surprenant : Glock allume deux cierges magiques scotchés à son piano, qui font scintiller les yeux du public le temps pour lui de jouer la magnifique intro de ‘My Little Room’, bientôt rejoint par Scott à la guitare. Cette chanson, c’est l’histoire d’un jardin secret, protégé du regard du monde extérieur où l’on peut agir à sa guise, libre et sans contraintes… ‘Don’t wake me from my little room, In my little room is where I’m safe…’ Ensuite, comme sur l’album, la batterie s’en mêle et imprime à la chanson un rythme qui donne une furieuse envie de bouger. Et ça marche ! On ne tient plus en place ! Ces gars sont génialissimes, pas à dire. Et en plus, à la fin, ils prennent un malin plaisir à finir la chanson en une adaptation franchement fun et Boogie Woogie. C’est très surprenant et tellement sympa qu’on a envie de se lancer dans un rock acrobatique ! ça balance, les Candle Thieves ! Yeah !
Dernière chanson. Encore une nouvelle du prochaine album… décidément, c’est cadeau, ce soir ! Changement radical d’ambiance, cependant. ‘Earthquakes’, dès les premières notes apparaît comme un nuage noir dans le ciel, lourd de reproches. Ça démarre doucement, avec l’accent mis sur les basses au piano mais c’est une mélodie tout en beauté qui s’en dégage. Une beauté empreinte de gravité. ‘I think we’ll have a new earthquake…’ L’atmosphère qui en ressort est pesante, sérieuse, voire même triste et teintée d’un voile sombre pour refléter les problèmes actuels de société, de la dureté du monde et de sa cruauté, des menaces permanentes qui pèsent sur nos têtes. Sur un background piano assez sobre, Scott, au milieu de la chanson, imprime un superbe riff de guitare mis en boucle et le ton se fait encore plus grave. La batterie se fait ensuite de plus en plus présente, augmentant en puissance, ajoutant au de la profondeur au mélodrame. Toujours lent, le ton ensuite donné par la guitare avec un style presque ‘heavy metal’ retranscrit ce monde perturbé où décevoir et être déçu à son tour font partie du jeu quotidien, univers sans amour, de rêves qui se brisent et sentiment de se perdre dans une vie sans aucun sens, comme dans une tempête où les vents frappent sans merci. Et d’un seul coup, au point culminant, le tourbillon s’arrête subitement, laissant une impression grandiose, étrangement, de paix intérieure. Le calme après la tempête. Une chanson magnifique.
C’était un très grand moment, ce concert, une fois de plus. Du Candle Thieves pur sucre avec son lot de bonheur distribué à la louche. C’est un vrai plaisir de les voir s’amuser sur scène, nous offrant ce qu’ils ont de meilleur. Tour à tour drôles, sérieux, décalés, mélancoliques, ces voleurs nous font sourire et rêver, partageant leurs chansons qui parlent de cette étrange invention qu'est la vie, où ils font apparaître de façon très subtile et superbe l’espoir, la lumière et l’amour. Il s'agit là d'une musique pour ceux qui sont jeunes de coeur et qui ont l'esprit grand ouvert, pour ceux qui voient le monde avec des yeux d'enfant, pour ceux aussi qui attendent autre chose des groupes de musique que des bravades criardes sans âme et vides de tout sens, bref, une musique aux sentiments forts, parlant à l'âme et au cœur. En clair, n’attendez plus pour les voir sur scène, ils sont simplement géniaux. Laisser-les vous voler, ça en vaut vraiment la chandelle !
Setlist :
- Flowers for Peggy
- Breathing (Just for you)
- Sharks and bears
- The sunshine song
- Basket Case (cover de Green Day)
- We’re all gonna die (have fun)
- My little room
- Earthquakes
