vendredi, août 06, 2010

Gate - A Republic of Sadness - 9/10


Tout commence avec un petit tapis electro bien gentil. Certes la voix a déjà quelques accents bizarres et evanescents, mais on se croit simplement parti pour un voyage à consonance ambiante pour six morceaux dont pas un ne fait moins de six minutes. Dès la seconde track, ça se délite pourtant rapidement : le tapis électro se glassifie en un rythme sec et la voix devient faussement apaisée, déformée, un peu comme Dan Bejar dans le EP dévoyé de Destroyer.

La suite ne décevra pas. Les loops et drones électroniques et guitaristiques construisent un substrat noir, rythmé et dansant, comme une Cold Wave qui forniquerait avec Can et parfois Suicide. Par dessus, se greffe un voix malade et vomitive. Desert ressemble singulièrement au thème principal de Shaft qui serait passé dans une essoreuse batteuse et aurait été agrémenté de la voix serpentine et nauséeuse de David Thomas (Père Ubu). Wilderness s'affiche initialement comme un thème kraftewerkien basique (époque Autobahn) qu'une voix à la Gavin Friday-Guggi (Virgin Prunes) va déconstruire et entraîner dans l'atterrissage post-industriel apocalyptique du morceau suivant, Freak, le bien nommé.

Bref, Gate -qui est en fait un des groupes du néozélandais Michael Morley (Dead C)- n'a rien de consensuel. Néanmoins, tout expérimental qu'il soit, il est accessible. On aime ou on déteste. Mais ça échappe à l'ambiance tiédasse de l'époque...

Norman Records
Stereogum (avec une très, très bonne description et un morceau à downloader ou écouter : All, qu'il faut laisser se déployer sur la longueur)
(Pas trouvé de MySpace)

(Marrant, chaque fois qu'il se passe trois semaines sans album auquel fourguer un 9/10, je me dis que ça y est, c'est fini, va falloir trouver autre chose, collectionner les timbres ou les bagues de cigares, acheter un aquarium exotique et me passionner pour les scalènes, faire du sport et aller aux jeux olympiques, apprendre les langues, tricoter, faire du macramé et de la poterie, aller au bistrot plus souvent, devenir supporter du Standard de Liège. Suffit que j'y pense pour qu'arrivent d'affilée deux albums qui valent 9/10).