Je me demandais souvent s'il était possible de faire plus beau que laisser pleurer l'accordéon et la voix de King Creosote dans un duo nostalgique. Et puis, hier, j'ai écouté le premier morceau de cet album, Since We've Fallen Out. Ca commence effectivement comme une chanson à pleurer de King Creosote, ce qui est assez normal puisque c'est lui (alias Kenny Anderson). Mais rapidement, l'accordéon et la voix si particulière du King sont rejoints par le chant de sirène de la reine folk écossaise, Karine Polwart. Le trio s'étoffe et simplement, l'accompagnement se muscle jusqu'à nous donner certainement un des meilleurs morceaux de cette année (mais je suis tellement suspect, tant j'aime ce Creosote).
Un tel morceau nous promettait le septième ciel de la part du nouveau "supergroupe" relatif. Je dis relatif, je mets des guillemets, car cela n'a aucune importante. Simplement, aux côtés des artistes susdits, on retrouve ainsi Emma Pollock égérie des Delgados, quelques pointures instrumentales folk canadiennes et écossaises, mais aussi l'indo-écossais Future Pilot AKA (ex bassiste des BMX Bandits) et le rappeur MC Soom T (l'ensemble des membres est sur le site du groupe). Résultat de l'alchimie de cette bande disparate qui s'est connue lors d'un stage (retreat songwriting) au fin fond de l'Ecosse : un très bel album solidement arcbouté sur la tradition de la chanson britannique théâtrale, souvent métissée et orientalisée, à l'occasion légèrement dubée, parfois rémusclée et traversée des superbes fulgurances de King Creosote. Ah oui, tiens, je vous ai dit pour le premier morceau? Y a le sixième aussi, Sorry, où il est associé à Polwart et Pollock pour 2 minutes 35 de bonheur!
Herald Scotland, à lire pour l'explication du Burnsong project
Une référence qui ne trompe pas sur le caractère bien local de cet album, le soutien de la presse anglaise non musicale : BBC, The Independant, The Guardian
My Space (avec en écoute les deux morceaux évoqués plus haut).
