Dusseldorf - Berlin
Avant même que Pitchfork ne lui scotche le label "Best New Music", quelques blogs francophones m'avaient amené à m'enquérir de ce nouvel album d'Emeralds. Le trio de Cleveland, expérimental jusqu'à perdre ses fans dans les méandres de ses innombrables créations (AMG), avait séduit Brainfeeders and Mindfuckers et Des Chibres et des Lettres ou encore The Music Rainbow.
Cette fois, ils reviennent avec un album synthétique -même si long d'une heure- où ils s'inscrivent dans le combat le plus traditionnel de la musique électronique, celui que se livrent depuis plus de trente ans, les sons longs et les sons courts.
La beauté est dans la fusion des deux, comme elle était dans les Frippertronics (Fripp+Eno), référence qu'il est difficile de ne pas citer ici. A son tour, Emeralds y accède. Il trouve la synthèse entre d'une part, l'école de Dusseldorf, Kraftwerk, ses rythmes robotiques et secs de plus en plus orientés vers une danse désincarnée et, d'autre part, l'école de Berlin, Tangerine Dream, Klaus Schulze, les nappes infinies de synthétiseurs et ses interminables divagations romantiques. J'utilise les italiques car la phrase provient d'une chronique écrite à l'occasion de la réédition d'un album initialement paru en 1978, Wunderbar de Riechman.
Ne pas en conclure que la musique d'Emeralds soit passéiste. Simplement, les références germaines, sont les mamelles de la musique électronique. Et de Loscil à Fuck Buttons, peu ou prou, la part du kraut et la part du dream s'enchevètrent invariablement...