Le hasard faisant les choses, une chronique groupée spéciale "post-rock". Avec des volets fort différents, ce qui rend les choses bien passionnantes. Le hasard aurait pu faire que, récemment chroniqué, Nudge y figure aussi, complétant ainsi la gamme.
Leur musique se déroule sur le long terme, quatre très longs morceaux composant l'album (le quatrième étant malheureusement plus faible et dispensable). Tout le justifie, Do May Say Think développant des atmosphères longues à se mettre en place. Les cuivres y occupent une place importante. C'est peut-être un poil trop conventionnel, mais le savoir-faire est admirable.
Si le post-rock se caractérise par les orages électriques, disons qu'ici les coups de tonnerre sont atténués et les éclairs un peu palots. Je ne ferai pas trop de renvois parce que je pense que la chronique de Marc sur Esprits Critiques est particulièrement éclairée et me semble bien annoncer la chronique suivante : Cette façon de prendre son temps peut sembler à contre-courant en cette époque de playlists à tout va, mais elle permet aux éléments de s'installer.
A propos d'orage, on passe au troisième album des Russian Circles. Le groupe de Chicago fait le choix opposé, privilégiant pour la première fois des morceaux courts, souvent d'une puissance inouie. C'est la première différence avec Do May Say Think. L'autre, essentielle, est que les Cercles Russes font partie de la mouvance "post-metal".
Ne fuyez pas! Je relance ici un message qui m'est cher : oui, un adepte de Mogwai doit et peut se délecter aussi de groupes post-rock de culture plus métal (outre celui-ci, je pense aussi à Cult of Luna). C'est d'autant plus vrai ici qu'il ne persiste aucun des oripeaux les plus détestés (je pense notamment aux voix que beaucoup trouvent si ridicules; ce disque est sans paroles). Par contre, les autres caractéristiques marchent à plein, la principale étant que trois instruments sont "en clair" (alors que le post-rock crèe plus souvent un mur du son indiscernable). Basse et batteries sont très distinctes et réellement inouies de puissance.
Un très très bon album!
Et, pour conclure, les petits jeunes, français de surcroit, Revival Kensuke, qui a déjà joué en première partie de Mogwai et dont on peut voir une vidéo sur la Blogothèque. Sur ce mini album de 26 minutes, il y a sept morceaux, mais qui objectivement n'en font qu'un seul, découpé arbitrairement. On est ici dans la vision la plus débridée du post-rock. Ca breake, ça contre-breake à tout bout de champ. Ca monte en puissance jusqu'à friser le métal, voire le prog rock et parfois le math rock.
C'est virtuosique. Très brillant et décoiffant. Un premier essai très convaincant. Ils ne doivent pas nécessairement gagner en maturité mais simplement garder à l'esprit que, parfois, un nombre restreint d'idées bien exploitées peut faire de la bien meilleure musique qu'une avalanche d'idées collées les unes aux autres.
Ne pas s'y tromper néanmoins. C'est très bon.