En voilà un autre qui nous arrive de nulle part. Un troisième album, de cet artiste irlandais, mais je n'en avais jamais entendu parler auparavant. Hasard, hier, j'assistais à un concert de Micah P Hinson. A Bruxelles, l'américain cruellement barjot et joyeusement torturé, était notamment convié à jouer avec un quatuor à cordes. Et c'était éclatant. Sans qu'il n'y ait rien à reprocher à cette nouvelle expérience, elle n'était pas foncièrement utile : les belles cordes rendaient inopérante une parcelle de la beauté torturée des chansons originelles. Volaient en éclats passages et extraits où les compositions nécessitent le chant faux. Passages vitaux car ils conviendront toujours mieux que l'apparat qui les ferait blinquer sans clin d'oeil.
L'Irlandais Declan De Barra -au même titre aussi qu'un Kurt Vyle aujourd'hui ou un Jeff Buckley autrefois- doit conserver cette latitude fraîche et honnête de l'écorché vrai. Ici, en l'occurrence, il fait notamment très fort avec ce second morceau Back Crow Call simplement attaqué de front à l'harmonium d'une voix dont les génuflexions ne renieraient pas Jeff le regretté Buckley.
Il faut simplement protéger ces bijoux rares, fragiles et audacieux car rugueux. Cela ne dépend que de nous et de notre vouloir. Reconnaître ses moments Cale, ses plateaux Tinderstick ou sa maitrise Cohen. On n'abandonne pas au bord d'une highway américaine, un grand chien efflanqué en pleurs...
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(Si vous n'en essayez qu'un seul, que ce soit le deuxième : Black Crown Call)